Bernard LE MAROIS (Directeur Général de WINE AND CO) et Gérard SPATAFORA (Responsable du développement Internet et mobile de MILLESIMA) ont partagé leurs expériences en matière de commerce en ligne sur le plateau de l'émission Destination E-commerce, le jeudi 27 octobre, lors du salon Planète E-commerce à Mérignac.
En guise d'introduction, ils rappellent tous deux que, sur un marché du vin ultra-concurrentiel, "il ne suffit pas d'avoir un site marchand pour que les bouteilles se vendent toutes seules !".
Cette idée reçue est un vrai risque pour les futurs e-commerçants. En effet, s'ils n'anticipent pas l'énorme travail quotidien pour améliorer le référencement naturel du site, développer le trafic qualifié, augmenter le taux de transformation, ... l'aventure risque de vite mal tourner. Gérard SPATAFORA rappelle par ailleurs qu'"il se créé en France un nouveau site de vente de vin par mois ... contre un site qui meurt".
Selon les deux e-commerçants, trois points clés sont essentiels pour réussir à vendre du vin en ligne.
- Le sourcing : avoir les bons produits
- Le webmarketing : savoir les vendre
- La logistique : savoir les livrer, un point essentiel à ne pas oublier dans son business plan (poids des produits, coût impactant la marge, frais de transport qui peuvent freiner les ventes, délais, contraintes juridiques, ...)
Revenons sur le webmarketing avec une série de conseils qu'ils ont partagés :
- Le site Internet c'est le magasin ! L'ergonomie et le graphisme ont donc un rôle très importants, car le site doit être "marchand" mais aussi séduisant, c'est à dire qu'il doit transmettre une émotion (notion essentielle pour vendre du vin).
- Evidemment, cette émotion passera par la grande qualité des photos, qui doivent valoriser les produits et donner envie de les acheter.
- Les émotion passeront aussi par les textes et l'art de raconter les produits (story telling). En effet, il ne faut pas se contenter de présenter son catalogue de vins avec des fiches techniques, il faut aussi raconter son histoire et transmettre une passion. Cette histoire peut aussi passer par la création de vidéo (facile à proposer en plusieurs langues grâce aux sous-titres). Bref, une des clés pour la vente de vin sur Internet est le contenu (web content). La stratégie éditoriale prend donc toute son importance en amont de la création du site.
- Le trafic sur les sites via les smartphones ou tablettes augmente fortement. Le site doit donc proposer une navigation qui s'adapte aux différents formats d'écran (responsive design) et/ou avoir une navigation simple, une présentation épurée et un moteur de recherche interne performant.
- La réussite sur le long terme passe par les perpétuels tests et réajustements sur le site (A/B testing). Grâce à un fichier client très étoffé, on peut par exemple envoyer par mail une offre avec une "mise en page" (A) à 100 contacts et la même offre mais avec une autre "mise en page" (B) à 100 autres contacts. Au final, on mesure l'offre qui transforme le plus en commande. Pour que cela soit pertinent, les 200 contacts doivent appartenir au même segment (c'est à dire qu'ils soient tous concernés par l'offre).
- Cette segmentation demande une excellente connaissance de ses clients passant par leur écoute, l'analyse très fine de leurs comportements sur le site et l'utilisation d'un outil de type CRM (Customer Relationship Management) performant.
- Concernant l'approche multicanal, les intervenants ont insisté sur l'importance de l'harmonisation des prix selon les canaux et les rythmes d'animation à adapter (une fois par mois pour un catalogue papier par exemple contre trois fois par semaine sur un site).
Je note que le journaliste ne leur a posé aucune question concernant les réseaux sociaux (bon, il est vrai que 30 minutes, ça passe très vite !). Si ce sujet vous intéresse, nous l'avions déjà évoqué dans cet article sur "le webmarketing et le marché du vin".
Lors de la conclusion, les deux e-commerçants ont été unanimes : "Un budget de moins de 20 000 € pour lancer une activité de vente de vin sur Internet (de type caviste en ligne) paraît impossible" sur ce marché très concurrentiel qui est organisé autour de plusieurs poids lourds. "A moins que le caviste soit sur un marché de niche et/ou avec une boutique off-line, il devient très difficile d'attaquer ce marché sans de lourds investissements et une stratégie digitale bien pensée".
Je crois que cette dernière remarque est valable pour tous les secteurs d'activité !
Enfin, les questions à se poser avant de se lancer dans un projet e-commerce sont à mon avis :
- Comment bien écrire mon projet et mon cahier des charges ?
- Comment écrire pour le web ?
- Comment développer les ventes avec des outils comme l'emailing, Adwords, ...
- Comment augmenter son taux de transformation ?
C'est pour cela que les e-commerçants qui réussissent s'entourent de professionnels du webmarketing et de la communication digitale.
Vincent Pereira, consultant et formateur e-marketing